Les grandes lignes de la méthode Vittoz

Cette méthode psychosensorielle, d’orientation phénoménologique1,
appartient au courant humaniste. Reposant sur l’expérience de chacun,
elle s’appuie sur une écoute des sensations, qui conduit à vivre pleinement
le moment présent et à reprendre les rênes de sa vie. Retrouver la sensation
d’exister, un sentiment d’unité et un sens à la vie, génère la joie de vivre…
La méthode Vittoz fait appel à des exercices simples, intégrés dans la vie
quotidienne, qui amènent tout d’abord celui qui les pratique à reprendre
pied dans la réalité. Des actes de la vie quotidienne sont utilisés comme
exercices : l’écoute de musique, la marche (que ce soit pour aller à
l’université, faire ses courses ou chercher ses enfants à l’école)… Une
marche consciente ne nécessite, par exemple, aucune condition particulière,
elle ne demande pas plus de temps qu’une marche précipitée
durant laquelle on ressasse ses difficultés. En revanche, quelle économie
de fatigue au bout du chemin !
Aujourd’hui, la méthode Vittoz fait l’objet d’un intérêt nouveau, car elle
se situe sur un terrain original :
• elle n’entre pas en rivalité avec la psychanalyse, car elle s’adresse surtout
à la partie consciente de l’individu ;
• elle ne peut se confondre avec des approches purement corporelles, car
elle s’efforce de créer une synthèse entre le corps et l’esprit.

Être à l’écoute de ses sensations

Cette méthode est fondée sur la redécouverte de la sensation. Seule la
conscience de nos sensations peut nous donner la conscience de la réalité
de l’instant présent, à trois niveaux : corporel, mental et émotionnel.
Dans son ouvrage, le docteur Vittoz aborde l’écoute de son corps, de la
sensation, la conscience d’effectuer un acte, le fait de vivre le moment
présent, l’accord entre le corps et l’esprit en termes proches de la sagesse
orientale. Il propose une vision synthétique de l’être, de l’unité « corpsesprit
», ce qui le place parmi les premiers psychosomaticiens1.
Selon lui, la vie psychique s’inscrit dans le corps ; il existe une interrelation
entre le corps, les pensées et les émotions. La « mémoire du
corps » constitue donc un langage ; le corps devient un moyen d’accéder
à la vie psychique et de la mobiliser par des mises en situation au travers
d’exercices.

Vivre pleinement l’instant présent

La méthode Vittoz repose sur l’adhésion au principe de l’« ici et maintenant
». En rétablissant un état de présence, c’est-à-dire une disponibilité
permettant de prendre conscience de nos sensations et de les accueillir
sereinement, nous stoppons la « rumination » mentale, la dispersion des
idées, et nous mettons à distance les émotions, l’angoisse, tout ce qui
rompt notre équilibre. Ce recul nous conduit à accepter et à comprendre
les manifestations de notre inconscient.
« Ce n’est que lorsque la mer est calme que nous pouvons entrevoir sa
profondeur », disait Rosie Bruston.

Reprendre les rênes de sa vie

Selon le docteur Vittoz, tout état psychasthénique1 est dû à un fonctionnement
défectueux du cerveau. Cet organe, s’il est fatigué et surmené,
ne peut tenir son rôle de régulation naturel et met en danger notre vie
psychique.
La méthode Vittoz repose sur la gestion de l’inconscient par le conscient,
définie ainsi :
« Nous admettrons que le cerveau inconscient est, d’une façon générale, la genèse
des idées, des sensations, et que le cerveau conscient fait la “mise au point” ; c’està-
dire que du cerveau conscient dépendent la raison, le jugement, la volonté
2. »
Ainsi, lorsque notre cerveau conscient reprend les rênes de notre vie,
nous pouvons entendre notre inconscient à travers nos émotions, nos
répétitions… Le docteur Bour3 a appelé la méthode Vittoz psychothérapie
de synthèse et de reconstruction, car elle s’empare du reste de contrôle, même
minime, que nous possédons pour le préserver, le développer et l’affermir.
Par ce « contrôle cérébral », nous reprenons notre vie en main et nous
libérons des conditionnements destructeurs qui nous font tant souffrir.
La première étape consiste donc à accepter que nous n’allons pas bien.

Les outils du thérapeute

Le thérapeute vittozien accompagne son patient tout au long des exercices,
et donc de la cure, en vérifiant son évolution, grâce à la vibration
cérébrale, au dialogue et à l’observation. Bien entendu, il ne juge pas si
l’exercice est bien ou mal réalisé, seuls comptent le discours de la
personne et son vécu, qui ne peuvent être remis en cause.

 

 

La vibration cérébrale

Découverte du « phénomène Vittoz »

Comme de nombreux médecins de son époque, le docteur Vittoz pratiquait
l’hypnose (il abandonnera par la suite cette technique, dans
laquelle le patient reste trop passif à son goût). Sans doute, comme
Freud, posait-il alors la main sur la tête de ses patients. Il a probablement
conservé cette pratique par la suite, et finit par percevoir des
« ondulations » qu’il a baptisées vibrations cérébrales :
« Mes expériences personnelles m’ont démontré, à l’encontre des opinions admises,
que la main, avec un certain entraînement, placée sur le front pouvait donner des
indications suffisamment précises sur le travail cérébral. […] Je sais fort bien
avec quel scepticisme sera acceptée cette affirmation, car il est en effet difficile
d’admettre que le mouvement du cerveau puisse être perçu à travers la boîte
osseuse ; mais sans vouloir l’expliquer, tout ce que je puis dire est qu’il a une répercussion
extérieure et que cette répercussion peut être sentie par la main ; elle se traduit
par une série de chocs répétés, donnant la sensation d’une ondulation ou d’une
vibration particulière1. »
Il remarqua que ces vibrations étaient différentes suivant le travail qu’il
demandait au patient. Il eut alors l’intuition que le cerveau, comme le coeur, pouvait donner des indications sur son activité. Petit à petit, il
constata des variations d’intensité, de régularité, de continuité, de
vitesse et de localisation de ces vibrations selon l’état du patient et le
travail effectué1.
C’est ainsi que le docteur Vittoz structure sa thérapie qui amène le
patient, à partir d’une vibration perturbée (symptôme de la maladie) à
une vibration saine (l’équilibre). Il fait de la reconnaissance de ce phénomène,
de son interprétation et de son étude, un outil thérapeutique pour
connaître l’état de ses patients et conduire la cure.

Une perception tactile

La perception tactile du « phénomène Vittoz » ne peut être effectuée
que par un praticien entraîné. Le thérapeute vittozien, qui a « éduqué »
sa main, constate qu’en la plaçant sur une partie osseuse du corps (front,
épaule, main, genou…) ou à une certaine distance, il reçoit des vibrations
émises par la personne. Celles-ci ont une place, un rythme,
une dimension, une texture, une densité, une forme, un volume et une
direction.
Si ces vibrations renseignent sur l’état de la personne et sur le fonctionnement
de son cerveau, il ne s’agit en aucun cas de savoir ce qu’elle
pense, mais simplement dans quel état elle est. Ainsi, le thérapeute
perçoit la différence entre un cerveau calme et un cerveau agité, entre
une pensée contrôlée et un « vagabondage » cérébral. Ce que le docteur
Vittoz appelle vagabondage cérébral correspond à toutes les pensées et
représentations incontrôlées, passives, qui se nourrissent d’éléments
négatifs et alimentent les ruminations et les obsessions. Elles entraînent
l’indécision, le manque de confiance en soi et l’inertie.

La vibration est donc pour le thérapeute vittozien un élément important :
• de diagnostic : dans quel état est la personne ?
• de traitement : quel est l’exercice approprié à ce moment ?
• de pronostic : la méthode Vittoz apporte-t-elle un bienfait au patient ?

Le dialogue

Comme dans toute thérapie, la parole est un outil primordial dans la
méthode Vittoz, même si les exercices occupent une place essentielle. Le
dialogue développe notre capacité à nommer nos sensations, nos émotions
et nos sentiments.
Il est nécessaire de distinguer précisément à ce stade de l’ouvrage :
• la sensation, qui correspond à l’accueil d’une réalité « extérieure » par
les cinq sens et d’une réalité « intérieure » par la somesthésie1 ;
• l’émotion, soit l’émergence soudaine d’un état affectif intense en réaction
à un événement (une violente colère par exemple) ;
• le sentiment, qui est un état affectif résultant d’une disposition de l’être
(comme le sentiment d’infériorité).
Nommer sans immédiatement penser, juger ou critiquer, et trouver le
mot juste qui fait dire « oui, c’est exactement cela » est souvent un long
« réapprentissage ». En restaurant les fonctions sensorielles, le thérapeute
vittozien se met dans une position proche de celle de la mère qui
apprend à son enfant à nommer ses sensations et ses sentiments. Nous
savons que le ciel est bleu parce que quelqu’un a, un jour devant nous,
nommé cette couleur. Nous savons que nous sommes tristes parce que
d’autres ont mis des mots sur notre vécu.

Certaines paroles ouvrent une voie, d’autres « contiennent ». De même,
il y a des silences qui accompagnent et laissent vivre l’exercice, d’autres
qui accueillent, d’autres enfin qui libèrent la parole.

L’observation

Enfin, l’observation d’une personne (son aspect physique, son habillement,
ses attitudes, son regard, l’expression de ses émotions, sa respiration,
ses tics…) apporte de nombreux renseignements sur son état.

 

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